La pensée de Gandhi fut parmi les plus éclairantes de notre temps
et nous devrions nous efforcer de faire les choses dans son esprit.
Ne pas utiliser la violence dans la lutte que nous menons.
Ne pas participer à ce qui nous semble diabolique.
Albert Einstein

Préambule
Les enfants
Un don mutuel
Les moyens
L'ethique de Partage
Engagement pour une Culture de la Paix et de la Non-Violence
Spiritualité

PREAMBULE

La rencontre personnelle de la souffrance d'enfants de différents pays, ainsi que la détermination et la fidélité de celles et ceux qui veulent atténuer leur souffrance, contribuer au respect de leur dignité et de leurs droits, puis à la construction de leur avenir, inspirent ce qui suit :

Conformément à la volonté des fondateurs du "Comité de Soutien aux Enfants du Vietnam" dont il est issu, l'organisme "Partage" a pour mission principale de contribuer à atténuer la souffrance des enfants et de contribuer à leur développement physique, mental, spirituel, moral et social, par tous les moyens appropriés conformes à la Charte et aux Statuts. Les enfants sont le cœur le "Partage" : ils appellent d'autres personnes à partager leur vie et sont, en ce sens, les véritables fondateurs de l'organisme qui n'existe que pour répondre à leur appel. Partage aura toujours une attention spéciale envers les familles de chaque enfant, la famille étant au cœur de la communauté humaine. Il n'y a pas de plus grande souffrance que de souffrir seul, sans personne avec qui partager véritablement. Le partage est une présence : il faut non seulement donner mais se donner. Travailleurs ordinaires disposant de moyens ordinaires, imparfaits mais fidèles, nous voulons faire en sorte que souffrent moins les enfants les plus faibles et les plus démunis de tout. Le respect de la Charte est l'élément essentiel de "Partage" : son fondement et son essence. La Charte ne peut être modifiée que par les fondateurs.

LES ENFANTS

Les enfants ont souvent des qualités d'accueil, d'émerveillement, de spontanéité et de vérité. Dans leur fragilité, ils ont le don de toucher les cœurs et d'appeler à l'unité. Ils sont ainsi pour la société un rappel vivant des valeurs essentielles du cœur sans lesquelles le savoir, le pouvoir et l'agir perdent leur sens et sont détournés de leur finalité.

Nous nous sommes orientés vers les enfants parce qu'ils sont à eux seuls des millions qui ont besoin, ou mal, ou meurent ; victimes d'intolérables injustices. Partage aura le souci d'aller vers les enfants les plus méprisés et le plus rejetés, ceux qui sont le plus souvent soustraits à notre regard : les enfants atteints d'un handicap, les enfants vivant en prison, ceux qui sont blessés invisiblement dans leur cœur ou vivent dans des lieux les plus reculés ou volontairement cachés. Le massacre quotidien des enfants est le gaspillage le plus effroyable de la plus précieuse ressource. L'avantage d'avoir le cœur brisé c'est que ça l'ouvre : nous cherchons à témoigner sans arrière pensée, sans vouloir ni juger, ni culpabiliser qui que ce soit. "Partage" veut être une main ouverte tendue à un enfant ; un enfant rencontré sans l'avoir forcément cherché, un enfant à chaque fois unique et irremplaçable, un enfant multiplié par un nombre variable. Cherchant à faire toujours mieux, jour après jour, en qualité plus encore qu'en quantité, "Partage" veut être une étincelle qui contribue à allumer l'incendie d'un engagement durable contre l'inacceptable, dans la fidélité à un engagement constructif. "Partage" travaille dans l'esprit de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant des Nations-Unies. Pour que s'applique dans les faits cette Convention qui reconnaît des droits aux enfants, il nous faut lutter, lutter tous les jours. Lutter sans cesse. Faire ce qu'on peut, c'est trop peu. Pour essayer de faire assez, il faut faire davantage. Chaque jour, tous les jours.Partage à une mission précise : contribuer à atténuer la souffrance des enfants. Cette mission se réalise concrètement par trois types d'actions complémentaires :· Dans divers pays, et surtout les plus pauvres ou ceux affectés par la guerre, en soutenant l'action menée par des organismes engagés au service du développement des enfants ;
· En France en luttant contre deux causes majeures de la souffrance des enfants : l'ignorance et l'indifférence. Combattre l'ignorance c'est faire connaître la situation de ces enfants et faire reconnaître qu'il est possible, à chacun(e), de contribuer à transformer cette situation. Combattre l'indifférence c'est contribuer à faire prendre conscience de notre interdépendance et révéler le trésor caché en chaque être humain sans aucune exception : la bonté active, source d'une joie profonde et durable.
· Enfin dans le monde, en agissant auprès des Nations Unies et des Gouvernements pour défendre la cause des enfants et améliorer leur sort par des mesures appropriées. Pour "Partage", l'éducation des enfants n'est pas seulement l'instruction - l'acquisition de connaissances académiques - mais consiste également à encourager chez chaque enfant la curiosité, la créativité, le développement et l'emploi des compétences, la communication, la réflexion critique, le courage moral et le plein épanouissement de la conscience pour dissiper l'aveuglement de l'ignorance Le besoin le plus profond de l'être humain, dès l'enfance, est d'aimer et d'être aimé : la vie, c'est apprendre à aimer, donc à être pleinement présent et à chercher à comprendre. Gandhi affirmait "Si le fer ne fond pas au feu de l'amour, ce n'est pas que le fer soit trop dur mais que le feu de l'amour n'est pas assez fort". A l'infinie détresse d'un enfant, ne peut répondre qu'une infinie tendresse.

UN DON MUTUEL

La contribution de "Partage" ne veut être, ni une aumône, ni un marché, mais un don mutuel. A partager, chacun de nous sait qu'il ne donne pas suffisamment, s'il est vrai que n'a pas donné assez celui qui n'a pas tout donné. Et que donner totalement sinon son cœur ? - Cependant, partager c'est tout autant recevoir, comme celui qui, humblement, reçoit le dépôt d'une souffrance dont, comme une grâce, on lui fait confiance qu'il en prendra sa part, avec amour. Créé pour répondre à un appel précis lors de la guerre du Vietnam, "Partage" travaille avec des personnes et organismes originaires des pays où vivent les enfants, qui ont en commun avec nous le besoin d'agir selon une même éthique et avec pour objectif de prévenir, d'alléger - ou de supprimer - la souffrance des enfants, et avec qui nous voulons créer des relations d'alliances fécondes dans un respect mutuel et une confiance réciproque. "Partage", n'est pas une "solution" pour répondre aux enfants en détresse mais un signe : le signe qu'une société réellement humaine doit être fondée sur l'accueil et le respect des plus petits et des plus faibles qui sont trop souvent rejetés et contribuer à leur redonner leur place dans la société.

• L'écoute attentive, la réflexion pour comprendre afin d'agir et non de réagir, puis l'action;
  
  
• L'information destinée à inciter à la réflexion pour une action constructive : émouvoir pour mouvoir;
  
  
• Le financement d'actions destinées à améliorer les conditions de vie quotidienne, à créer ou
  augmenter les ressources locales, et à promouvoir la prévention et la solidarité de proximité;
  
  
• Les échanges directs entre les personnes des différents pays pour un enrichissement réciproque.
  
  
  Il s'agit pour nous de révéler, sans grande phrase, une réalité trop souvent cachée et inviter au partage dans le respect de l'opinion et de la liberté d'autrui. Nous avons la conviction que chacun peut, à sa mesure, apporter sa contribution qui n'est jamais, pour l'enfant qui en bénéficie, ni dérisoire ni négligeable. Quelle que soit la forme juridique de l'organisme, le principe fondamental sera la démocratie, dans sa forme la plus respectueuse des droits et devoirs individuels et collectifs, en tant qu'expression de la Charte : les pouvoirs ne sont que le moyen pour assumer la responsabilité première des devoirs. La force de "Partage" réside dans l'équilibre constamment recherché entre la fermeté et la tendresse. Sans tendresse, la fermeté devient dureté et aveuglement, sans fermeté la tendresse devient mollesse et incapacité à agir.

Il nous impose en particulier la volonté de transparence, d'écoute et de sincérité envers chaque personne et le profond respect de l'opinion d'autrui et la liberté de chacun. Cela implique également que les décisions soient prises autant que possible par celles et ceux qui vivent et assument réellement les conséquences. Ce respect s'exprime également par le personnalisme communautaire : la recherche de l'équilibre entre l'aide individuelle et communautaire en évitant de privilégier l'individu au détriment de la collectivité ou, à l'inverse, la collectivité au détriment de l'individu. Ce respect impose également de veiller tout autant à la manière de donner qu'à la qualité du don. Sachant que les mots - comme le regard ou les gestes - peuvent créer du bonheur ou causer de la souffrance, nous nous efforcerons cependant de dire la vérité, avec authenticité, par des paroles qui inspirent la confiance, la joie et l'espérance. Nous essayerons d'éviter de prononcer des mots qui peuvent causer division, haine ou discorde, ainsi que tout fanatisme. Nous veillerons à ne pas répandre des nouvelles sans les tenir pour certaines, à ne pas critiquer ni condamner ce dont nous ne sommes pas sûrs. Afin d'éviter de blesser par des malentendus, nous nous efforcerons non seulement de dire notre perception de la vérité, mais d'essayer de la dire de la bonne manière et au bon moment.

Il implique en particulier, dans les programmes mis en place, le souci de répondre à la globalité du potentiel et des besoins de nos alliés et des enfants, que ce soit leur potentiel physique, mental, spirituel, moral ou social.

Il implique de ne désespérer de personne en recherchant la compréhension entre l'ensemble des personnes impliquées dans nos actions, quelles que soient les difficultés rencontrées. Cela signifie de faire tous les efforts possibles pour réconcilier et résoudre tous les conflits, si petits soient-ils, en sachant que le pardon libère et honore tout autant celui qui l'offre que celui qui le reçoit.

Elle nous impose de ne désespérer personne en restant réceptif à tout appel, quelle que soit la charge de travail déjà engagée, en acceptant d'être continuellement dérangé par la souffrance. A "Partage", ce n'est pas le résultat qui compte, mais l'acte : essayons de ne jamais dire "nous n'y pouvons rien" avant d'avoir, au moins, sincèrement essayé.
Ceci implique une possibilité de croissance continuelle dont la limite est la fidélité aux engagements antérieurs. Si nous n'essayons pas d'être ouverts, de comprendre la souffrance des autres, nous ne serons pas capables de vivre en harmonie avec eux. Partager, c'est comprendre, donc écouter. Sans comprendre, nous ne pouvons aimer. Nous devons essayer sincèrement de développer notre compassion pour favoriser la coexistence harmonieuse entre les êtres vivants. Afin de concilier les exigences de fidélité et d'ouverture, de conserver un esprit "pionnier" et audacieux, la croissance de l'organisme sera conduite dans une perspective d'essaimage.

"Partage" est un instrument au service de celles et ceux qui combattent pour alléger les souffrances des enfants.
Le sens du service implique le souci constant de contribuer à apporter à ces personnes le meilleur de nous-mêmes et de ne pas se servir de "Partage" à des fins personnelles ou autres. Il induit la nécessité de veiller à la pérennité et au bon fonctionnement de l'instrument nécessaire à des services durables de qualité. L'action de "Partage" et de ses alliés ne peut s'envisager comme une "obligation de résultat" mais, comme dans la déontologie médicale, une obligation de moyens mis en œuvre avec sincérité.

Comme la fin ne justifie pas les moyens, toute règle d'action devra être révisée si elle ne répond pas à la vocation de "Partage" d'alléger la souffrance des enfants. Aucune règle n'est immuable : la vérité ne peut se trouver que dans la vie et non dans les concepts. La Charte doit être considérée comme un guide pour la réflexion et l'action, et non un absolu. Chacun se doit d'essayer de ne rien dire qu'il ne puisse faire et de ne rien faire qu'il ne puisse dire, et d'accepter l'impermanence. Cette éthique implique avant tout une manière d'être, qui s'exprime par des manières de faire. L'être a été, est, et sera toujours considéré comme infiniment plus important que le "faire", qui n'en est que la conséquence et l'expression. Cette éthique se traduit concrètement par un engagement personnel et collectif à essayer de ne pas tuer mais au contraire à protéger la Vie et promouvoir la bonté ; d'essayer de ne rien prendre qui ne soit offert mais au contraire d'offrir généreusement ; d'essayer d'éviter de blesser par notre sexualité mais au contraire de protéger les enfants de toutes formes d'abus ; d'essayer d'éviter de mentir ou de blesser par notre attitude mais au contraire de rechercher la vérité, le respect mutuel et la concorde ; d'éviter de consommer des produits toxiques mais au contraire de protéger l'environnement et la qualité de la vie.La qualité d'être sera donc toujours considérée comme primordiale et l'objet d'une attention constante, que ce soit la nôtre ou celle de nos alliés. Quelle que soit la fonction ou le statut, chaque personne au sein de "Partage" est, simplement et avant tout, au service des enfants et de celles et ceux qui allègent directement leurs souffrances.

"Partage" soutient "L'Appel des Prix Nobel de la Paix pour les Enfants du Monde", dont il fut l'initiateur en 1997, contribue à sa diffusion et à promouvoir l'enseignement de la non-violence active aux enfants dans les écoles.Notre organisme ayant un champ d'action limité, il se considère comme partie prenante de tous les efforts réalisés par tant d'autres pour combattre de manière non-violente les causes des injustices dont les enfants sont victimes, qu'elles soient politiques, économiques, raciales, ethniques, psychologiques, sociologiques, culturelles ou autres. C'est là le sens de notre soutien à l'IFOR (International Fellowship of Reconciliation) et à d'autres organismes dont l'action complète la nôtre en travaillant à l'avènement d'un monde en paix, plus juste et plus humain, par l'engagement non-violent de type Gandhien. "Partage" travaille au service des enfants victimes de guerres et d'injustices, et cherche à promouvoir la justice, l'éducation à la non-violence et à l'objection de conscience, la prévention et la résolution non violente des conflits, à dénoncer et combattre les injustices par des moyens compatibles avec le respect absolu de la vie et de la dignité de chaque personne. Gandhi, qui incarne à nos yeux l'un des plus grand génie de notre époque et l'un de ses plus grands prophètes, croyait que le chemin de la Paix passait obligatoirement par la voie du partage. A nous, gens sans armes et sans pouvoir de mener, avec une sereine détermination, une insurrection non-violente contre la violence criminelle qui fait souffrir et mourir des millions d'enfants. Si nous ne voulons plus essayer d'être conséquent vis à vis de nous-mêmes et de notre conscience de la réalité, nous devons prendre garde que cette conscience ne devienne muette dans l'âme de nos enfants.

Partage est né au sein d'un mouvement inter-religieux, le Mouvement International de la Réconciliation fondé à Bilthoven, en 1917, aux Pays-Bas. Chaque membre est respecté dans la découverte ou l'approfondissement de sa vie spirituelle et dans sa manière de vivre selon la foi et la tradition qui lui sont propres ; ceux qui n'ont pas une foi explicite sont tout autant accueillis et respectés dans leur liberté de conscience. La diversité est source de richesse et une vision commune, exprimée par la Charte, fonde l'unité. La spiritualité de Partage est totalement contenue dans le texte qui inspira au Mahatma Gandhi son engagement : le Sermon sur la Montagne de Jésus de Nazareth. Partage n'appartient cependant à aucune tradition religieuse et respecte les croyances de chaque membre en s'interdisant tout prosélytisme.La spiritualité de Partage est celle de la Relation et de la Trinité : l'un, l'autre et ce qui existe entre l'un et l'autre.
Partage est un organisme vivant, sa structure véritable est comme celle d'un arbre : d'une graine sont nées des racines invisibles mais fortes et profondes. Puis un tronc auquel se sont attachées progressivement des branches qui produisent, après des cycles de naissances, de maturation, de vie et de morts, des fleurs et des fruits pour les enfants du monde. La terre où nous sommes enracinés est la communauté humaine sans frontière. La spiritualité est l'eau : source de vie pour cet arbre vivant sa vie parmi bien d'autres. Nous sommes un organisme vivant par la Vie qui est un don. Il faut sans plus tarder, choisir, agir, créer et vivre pour respecter, protéger et célébrer la Vie, et construire - ensemble - une Culture de la Paix et de la Non-Violence au service des Enfants du Monde.